26 Fév Le passé empêche-t-il de vivre ?
Autour des représentations de La Ville morte d’Erich Wolfgang Korngold,
Angers Nantes Opéra et l’association Philosophia organisent un débat entre l’historien Olivier Wieviorka et le philosophe Angelo Giavatto le jeudi 26 février, à 20h.
Ce débat sera animé par Sylvain Bourmeau, journaliste, ancien directeur adjoint des Inrockuptibles, cofondateur de Mediapart, ancien directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste de Libération, producteur à France Culture de l’émission « La suite dans les idées ».
DISPUTE PHILOSOPHIQUE
Le passé empêche-t-il de vivre ?
Le délicieux poison de la mémoire
Le souvenir de sa femme disparue dans lequel se réfugie Paul, le personnage principal de La Ville morte, semble vouloir interrompre le fil du temps. Le culte morbide et fétichiste qu’il célèbre dans la pénombre d’une crypte improvisée au cœur d’une Bruges qu’il a choisie pour mausolée à la hauteur de sa douleur, n’a rien d’un deuil nécessaire. Il est délectation morose, délicieux poison de la mémoire aux effets hallucinogènes, empêchement de vivre le présent autrement qu’en une imparfaite redite du passé.
Nos histoires sont souvent infectées de deuils, rancunes, remords, haines héréditaires. Nos sociétés elles-mêmes, entre commémorations et réconciliations, préservation du patrimoine et modernisation, doivent sans cesse panser et penser leurs blessures. Au point d’être parfois contraintes, à la fin de chaque guerre, au terme de chaque conflit, de compenser leur devoir de mémoire par une obligation d’oubli.
Quelle part raisonnable laisser au passé pour ne pas déraciner l’histoire sans prendre le risque d’étouffer le présent ou d’oblitérer l’avenir ? C’est le dilemme auxquels individus et sociétés tentent d’échapper. Et c’est la délicate question à laquelle s’intéressera cette dispute philosophique.
– Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, Olivier Wieviorka est professeur d’histoire contemporaine à l’école normale supérieure de Cachan et membre sénior de l’Institut Universitaire de France. éminent spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, notamment de la Résistance, ancien rédacteur en chef de la revue Vingtième siècle, il est membre du comité de rédaction de la revue L’Histoire et collaborateur régulier du Cahier Livres de Libération. Il fait partie des conseils scientifiques de la Fondation Charles de Gaulle, du centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, du Mémorial du Maréchal Leclerc et du Musée Jean Moulin. Parmi ses ouvrages, on peut signaler:
- Histoire de la Résistance, 1940-1945 (Paris, Perrin, 2013)
- La Mémoire désunie. Le souvenir politique des années sombres, de la Libération à nos jours (Paris, Seuil, rééd. 2013)
- Histoire du débarquement en Normandie : des origines à la libération de Paris, 1941-1944 (Paris, Seuil, rééd. 2014)
- Nouvelle histoire de la France contemporaine vol. 20 : La France du XXe siècle (avec Christophe Prochasson, Paris, Seuil, nouvelle éd. 2011)
- Une certaine idée de la Résistance : défense de la France 1940-1949 (Paris, Seuil, rééd. 2010).
– Angelo Giavatto, lauréat de la Fondation Alexander von Humboldt, maître de conférences en philosophie ancienne à l’université de Nantes, est spécialiste internationalement reconnu du stoïcisme ; auteur, notamment, d’Interlocutore di se stesso. La dialettica di Marco Aurelio (Hildesheim-Zürich-New York, Olms, 2008). Il s’est intéressé à la question de la mémoire dans la constitution du soi dans le contexte de ses recherches sur le stoïcisme et sur la philosophie du langage de l’Antiquité. Voir par exemple:
- « A Mind on Solid Ground. Perception and Ethics in the Meditations », in M. van Ackeren, D. Boschung et J. Opsomer (dir.), Selbstbetrachtungen und Selbstdarstellungen. Der Philosoph und Kaiser Marc Aurel im interdisziplinären Licht, Wiesbaden, 2012, p. 133-146
- « La grammaire du soi. Approches stoïciennes et linguistiques de la réflexivité », in D. Doucet et I. Koch (dir.), Autos, idipsum. Aspects de l’identité d’Homère à Augustin, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2014, p. 73-83).
Théâtre Graslin de Nantes, 20h00. Entrée gratuite.
Réservations pare@smano.eu
ou 02 41 36 07 25 du lundi au vendredi de 9h à 17h30